Le site des ophtalmologistes de France
Seulement 2% trouvent la mesure satisfaisante et sans risque pour les patients
Garant de la santé visuelle des Français, le SNOF demande la suppression de l’article 40
Alerte presse du 22/10/2021
Soumis au vote de l’Assemblée nationale et du Sénat à partir du 20 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2022 prévoit d’élargir les compétences des orthoptistes de niveau licence en leur ouvrant le droit à la prescription initiale des lunettes et des lentilles de contact, en accès direct et sans supervision médicale.
Une mesure jugée « absurde, dangereuse et inutile » par plus de 90% des ophtalmologistes selon une étude menée par le SNOF* auprès d’un panel de 1 986 répondants. Les médecins ophtalmologues pointent notamment du doigt la démédicalisation du suivi des patients et s’inquiètent d’un risque accru de retard de diagnostics de certaines maladies de l’œil. Afin de protester contre cette mesure, plusieurs instances représentatives des ophtalmologistes (SNOF, ANJO) ont décidé de se mobiliser devant le Ministère de la santé ce vendredi de 11H à 15H et appellent à une grève lors de l’examen du texte en 1ère lecture à l’Assemblée Nationale. Des sociétés savantes et des associations de patients (SFO, SFOALC, AFG, FFM-SR) mettent en gardent contre les risques de cette réforme ouvrant la prise en charge des patients en autonomie à des auxiliaires de santé formés seulement en trois ans contre 12 ans pour un ophtalmologiste.
Le Dr Thierry Bour, Président du SNOF déclare : « Cet article 40 du projet de loi soumis au parlement représente un véritable danger pour le parcours de soins en ophtalmologie. Alors que France est la première en Europe pour le dépistage du glaucome et que les délais de RDV tendent largement à s’améliorer, les pouvoirs publics opèrent ici un changement radical du système de santé en se basant sur une étude caduque de 2018 de la DREES. Depuis, la filière a fait bouger les choses en misant sur la collaboration et le partage des tâches, permettant à la filière de faire figure d’exemple ».
Actuellement réservée aux médecins, l’ouverture de la primo-prescription aux orthoptistes est largement décriée par 94 % des ophtalmologistes qui considèrent que les orthoptistes ne peuvent assumer ce rôle avec leur formation actuelle. Elle permettrait notamment aux orthoptistes de réaliser un « bilan visuel » avec droit de prescription des lunettes et de lentilles de contact sans avis préalable d’un médecin, et de réaliser certains dépistages comme celui de l’amblyopie.
Or, la prescription et le dépistage des maladies oculaires requièrent un niveau de formation médicale que n’ont pas les orthoptistes (niveau Bac +3). La consultation avec un ophtalmologiste pour un contrôle de la vue est une étape indispensable dans le parcours de soins du patient. Elle permet régulièrement de détecter des pathologies plus graves, grâce à la réalisation d’un examen approfondi. 36% des patients venus pour un contrôle de la vue se voient diagnostiquer une autre pathologie.
Pour 95 % des ophtalmologistes répondants, ce transfert de compétences fait peser une menace sérieuse sur la qualité de la prise en charge des soins oculaires. Elle représenterait même une démédicalisation du parcours de soins pour 89 % d’entre eux, tandis qu’ils sont 93 % à prévoir une hausse des retards de diagnostics et une augmentation de la gravité des pathologies ophtalmologiques avec à la clé une perte de chance pour les patients. Seulement 2% pensent qu’il n’y aura pas de conséquences négatives pour les patients.
Depuis 2017, la mise en place du travail aidé en ophtalmologie, notamment avec les orthoptistes porte pourtant ses fruits. Cette collaboration sous la supervision de l’ophtalmologiste a permis de réduire considérablement le délai médian dans le cas d’une prise de RDV pour une consultation périodique, lequel passe de 66 jours en 2017 à 26 jours en 2021. Aujourd’hui, les perspectives sont prometteuses : avec la baisse des départs en retraite, et l’arrivée de nouveaux diplômés, le nombre d’ophtalmologistes renoue avec la croissance dès 2022 et l’augmentation des cabinets secondaires va permettre de consolider l’offre de soins sur tout le territoire. Des avancés qui rendent d’autant plus incompréhensibles les discussions en cours dans le PLFSS.
Le Dr Thierry Bour, Président du SNOF commente : « Le travail pionnier et les avancées que nous avons réalisées sont aujourd’hui mis à mal par cet article 40. La collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes a été utilisée jusqu’alors de manière complémentaire pour consolider l’offre de soins et garder une prise en charge médicale. En plus de conséquences délétères sur la prise en charge des patients, l’article 40 détruirait tout ce travail collaboratif installé entre les professionnels de santé, en instaurant un climat de méfiance au sein de la filière. Notre étude montre que le sujet préoccupe les ophtalmologistes : ils sont près de 7 sur 10 à affirmer qu’ils verront leur confiance envers les orthoptistes se dégrader si l’article était voté. Une situation alarmante à la fois pour les patients et l’avenir de la filière ! Cela risque d’aboutir à un effet inverse de celui recherché. Une telle remise en cause nécessite un large débat, la santé visuelle future des Français est en jeu. On ne change pas ainsi une organisation qui a fait la preuve de son efficacité contre l’avis de 95% du corps médical !»
*Etude SNOF réalisée en ligne auprès de 2035 ophtalmologistes, dont 1986 répondants, du 29 septembre au 4 octobre 2021
**Etude SNOF / CSA 2021
A propos du SNOF :
Créé en 1906, le SNOF a pour but « d’étudier et de préparer en collaboration avec les pouvoirs publics et les autorités compétentes l’application des mesures générales de protection de la santé publique pouvant se rapporter à l’exercice de l’ophtalmologie ». Avec ses 2 900 adhérents, il regroupe 2/3 des ophtalmologistes de France et obtient ainsi le taux de syndicalisation le plus élevé des syndicats français.
Il constitue l’interface entre les ophtalmologistes, avec leurs priorités de médecins, l’intérêt de leurs patients, leur volonté de garantir un accès à des soins de qualité et les pouvoirs publics.
Le SNOF propose des schémas éprouvés de délégation de tâches, de collaboration accrue avec les orthoptistes et les opticiens, pour un exercice médical adapté aux ophtalmologistes d’aujourd’hui et de demain, tout en préservant la santé des patients.
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