Les Ophtalmologistes de France communiquent : le 17 juillet 2011
Commerce ou santé ?
Les parlementaires ont tranché dans l’intérêt des patients :
L’article 22 de la Proposition de loi modifiant certaines dispositions de la loi HPST a été définitivement repoussé le 13 juillet dernier par les deux assemblées. Il avait pour objectif de diriger « les flux d’adhérents » vers les professionnels de santé choisis par les mutuelles. Seule concession : une expérimentation sur 3 ans, mais sans précision de dates ni de volumes, sous réserve d’un décret du ministre. C’est une victoire pour les 13 000 professionnels de santé et patients qui se sont mobilisés pour préserver les principes fondamentaux de notre système de santé et de notre protection sociale. Les patients ne veulent pas être traités comme de simples « consommateurs » et la vocation de notre système de santé n’est pas de faire des économies et de favoriser le pouvoir d’achat.
L’accès aux soins de proximité est maintenu
La liberté de choix des patients est préservée
1. Les ophtalmologistes soutiennent le combat des opticiens
Dans la situation critique actuelle de la distribution de l'optique, on aurait assisté à la faillite d'au moins 20 à 25 % des magasins d'optique. Est-ce "privilégier le clientélisme" que de se soucier du devenir légitime de ces magasins et de leurs collaborateurs ?
2. Les ophtalmologistes refusent la dérive mutualiste
La Mutualité, leader sur le marché de l'assurance complémentaire, est à la fois payeur et producteur de soins, ce qui lui interdit a priori d’écrire les règles de contractualisation entre les réseaux de soins et elle même. S’agissant du domaine de la santé, cette restriction déontologique s’impose d’autant plus que :
- Il n’est pas normal que la collectivité supporte le coût des conséquences sanitaires d’une intervention commerciale. Ainsi, une lentille cornéenne mal adaptée, car choisie pour son faible prix d'achat, peut entraîner des complications qui seront à la charge du contribuable…
- Or, l'intervention des OCAM se limite, pour l'instant et d'expérience, à une pression sur les prix vers le bas, et à des prestations de moindre qualité.
- Cette qualité systématiquement mise en avant pour justifier les réseaux de soins n'a jamais été un objectif prioritaire, comme on le constate sur le terrain. Ainsi, ce n’est pas parce qu’ils sont affiliés à la Mutualité que les magasins d'optique respectent mieux les clauses du décret de 2007.
3. Les ophtalmologistes s’étonnent…
L’Autorité de la concurrence, chargée de contrôler l’expérimentation concédée aux réseaux de soins, se réserve le droit de ne les juger que sur le seul critère commercial, sans avoir à apprécier les arguments scientifiques et médicaux dont elle admet qu’ils ne sont pas de sa compétence.
Vaut-il mieux être un « patient » et appliquer les conseils désintéressés des professionnels de santé ou devenir des « consommateurs avisés » et suivre aveuglément le parcours fléché à leur intention par les assurances complémentaires ?
Les ophtalmologistes restent mobilisés à l’occasion du PLFSS qui ne manquera pas de représenter une brèche pour les déçus de la rédaction finale de l’article.