Ophtalmologie :
Communiqué de presse du 08/10/2021
Depuis 2017, la diminution des délais de rendez-vous en ophtalmologie se confirme, preuve des effets positifs des actions pionnières mises en place par le SNOF pour réorganiser la filière visuelle. Pour poursuivre cette dynamique, le SNOF fait part de plusieurs propositions pour améliorer davantage l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire.
Le Dr Thierry Bour déclare : « Oui, une organisation des soins efficace et sans perte de chance pour le patient est possible. C’est une vraie fierté de pouvoir annoncer que pour la troisième année consécutive, les délais de RDV dans les cabinets ophtalmologiques sont en baisse, avec une accélération sur la dernière année. C’est la preuve que les mesures que nous avons initiées depuis plus de dix ans portent leurs fruits et que leurs effets s’amplifient. Avec le développement du travail aidé, l’instauration de protocoles organisationnels et l’essor de la prise de RDV en ligne, la filière visuelle fait figure de pionnière aujourd’hui en France. Si nous continuons dans ce sens, la problématique des délais de RDV sera réglée d’ici deux à trois ans. Mais cela ne sera possible qu’à condition que les pouvoirs publics continuent de soutenir cette dynamique avec des mesures cohérentes et utiles et qu’ils ne la cassent pas avec des mesures contre-productives et confuses. »
Une baisse continue et en accélération des délais de RDV depuis 2019
Que cela soit pour un contrôle périodique (scénario 1) ou en cas de d’apparition de symptômes (scénario 2), le taux d’obtention d’un rendez-vous est plus favorable depuis 2 ans (+5 % de rendez-vous obtenus). En 2021, dans le cas du premier scénario, 52% des RDV sont donnés à moins d’un mois et seulement 3% à plus de 6 mois (contre 13% en 2017). Concernant le deuxième scénario, 50 % des rendez-vous sont obtenus dans un délai de 8 jours. Ainsi, dans le cas du deuxième scénario, nous constatons une baisse de 6 jours par rapport à 2020.
A noter également que l’écart de délai entre les médecins de secteurs 1 et 2 se réduit à 5 jours seulement, au lieu de 24 jours en 2019 (-19 jours).
La réduction des délais est quasi uniforme sur l’ensemble des territoires : 11 régions sur 13 voient leurs délais s’améliorer par rapport à 2019 dans le cas d’un contrôle périodique : - 97 jours en Bretagne (-77%), -70 jours en Normandie (-52%), -41 jours en Centre-Val de Loire (-51%) et -36 jours Auvergne-Rhône-Alpes (-43%) et les délais diminuent pour 8 régions sur 13 dans le cas du scénario 2 : Centre-Val de Loire (-15 jours), Bourgogne Franche-Comté (-14 jours) et Pays de la Loire (-9 jours). Par internet, le constat est le même. Les délais dans les zones rurales et les unités urbaines continuent de s’améliorer comme nous l’avions découvert l’année dernière (entre 35 et 39 jours de réduction en 2 ans, médiane inférieure à 2 mois). C’est encourageant en vue du règlement des délais en zones sous-denses.
Et pour la première fois, le SNOF dévoile les délais de RDV téléphoniques sur les dix plus grandes villes de France. Ils sont plus courts que ceux de leur région (sauf pour Montpellier) et s’échelonnent entre 11 jours à Paris et 83 jours à Montpellier. Dans toutes les villes, un RDV est possible le jour même ou dans les 2 jours suivants pour l’ensemble des scénarios (1-2) et internet, sauf Toulouse (18J) et Nantes (9J) pour le scénario 1, Strasbourg (4J) pour internet et Montpellier (7J) pour le scénario 2.
L’essor du dispositif des RDV en ligne combiné à la réorganisation des cabinets en équipe pluridisciplinaire a un impact significatif et durable sur l’efficacité et la rapidité de la prise en charge des patients. Ainsi sur internet, les délais de RDV ont tendance à être plus courts que par téléphone : 23 jours (médiane) en 2021 pour obtenir un RDV, au lieu des 42 jours nécessaires en 2019, soit une baisse de 19 jours en 2 ans (-45%).
Avec sa campagne #ZeroDélai2022 lancée en 2017, le SNOF avait placé la réduction des délais de rendez- vous en ophtalmologie au cœur de la campagne présidentielle. La mise en place de protocoles organisationnels fondés sur le modèle d’équipe pluridisciplinaire a permis de réduire de plus de la moitié, en quelques années seulement, le délai médian dans le cas d’une prise de rendez-vous par téléphone pour une consultation périodique, lequel passe de 66 jours en 2017 à 28 jours en 2021*** .
Aujourd’hui, le travail aidé se pratique dans toutes les régions : pour la grande majorité d’entre elles, la part des ophtalmologistes libéraux en travail aidé est supérieure à 75 % et les ophtalmologistes travaillent de plus en plus en équipe pluridisciplinaire : orthoptistes, infirmiers, assistants médicaux… Pionnière en la matière, la filière visuelle fait aujourd’hui figure d’exemple en France et en Europe pour ce mode de travail novateur qui a permis à la fois de réduire les délais d’attente et d’augmenter l’offre de soins, et ce avec un nombre quasi constant d’ophtalmologistes. Aujourd’hui, les perspectives sont prometteuses : avec la baisse des départs en retraite, et l’arrivée de nouveaux diplômés, le nombre d’ophtalmologistes renoue avec la croissance dès 2022 ; l’augmentation des cabinets secondaires va permettre de consolider l’offre de soins sur tout leterritoire.
Le Dr Bour commente : « Au sein de la filière visuelle, nous avons réalisé dès le début des années 2000 un travail unique de collaboration et de coordination qui porte ses fruits, surtout depuis 2017. Cette année encore, les résultats de notre étude annuelle montrent à quel point ces mesures sont efficaces. Les délais de rendez-vous sont loin d’être une fatalité si on se donne lesmoyens d’agir ! Nous avons fait les ¾ du chemin pour retrouver le
« zéro délai », malgré des retards du côté des pouvoirs publics. Nous attendons maintenant que les pouvoirs publics prennent lesbonnes décisions et qu’ils ne s’engagent surtout pas dans la voie de la démédicalisation du
suivi d’une partie de la population comme cela est actuellement proposé dans l’article 42 du PLFSS 2022. Si nous soutenons la délégation des tâches, la grande majorité des ophtalmologistes alerte sur la proposition du gouvernement d’élargir les prérogatives des orthoptistes de niveau licence (bac+3) pour réaliser en autonomie et sans contrôle des actes jusqu’à présent réservés aux médecins. Une situation jugée absurde et surtout dangereuse pour les patients, faisant reculer le dépistage et la prise en charge des pathologies oculaires, par près de 90% des ophtalmologistes d’après une enquête du SNOF auprès des ophtalmologistes. L’ophtalmologiste doit rester le garant des soins visuels ! **** »
Pour poursuivre cette dynamique et aller plus loin dans l’objectif d’assurer un accès fluide des patients aux soins oculaires sur l’ensemble des territoires, le SNOF fait part de ses propositions :
1. Améliorer la démographie des ophtalmologistes, comme cela est conseillé par le rapport IGAS- IGAESR, pour assurer la couverture territoriale et le renouvellement des générations – alors que la France est désormais sous la moyenneeuropéenne.
a. Au moins 200 postes d’internes par an dans les 10 prochaines années
b. Développer les stages d’internes en libéral (phases 2 et 3)
c. Augmenter la densité dans les régions déficitaires (en-dessous de 8 oph/100 000 hab.).
2. Poursuivre le développement de l’équipe de soins autour de l’ophtalmologiste. Le travail aidé garde un potentiel important de développement et il est le garant du maintien d’un dépistage effectif et de qualité des pathologies oculaires, très souvent silencieuses initialement.
3. Développer des cabinets secondaires pour un meilleur maillage territorial, avec une présence au moins à temps partiel d’ophtalmologistes, en y associant la télémédecine et les orthoptistes (protocoles organisationnels à distance). Mettre en place un zonage en ophtalmologie pour débloquer des aides d’installation de nouveaux cabinets en zones sous-dotées
4. Renforcer la création de plages de rendez-vous à délais courts notamment grâce aux logiciels en ligne et à l’adhésion au service d’accès aux soins
5. Améliorer le renouvellement des équipements optiques chez l’opticien, sous condition d’un vrai échange d’information en retour, notamment au travers d’outils numériques comme l’e-prescription et la messagerie sécurisée.
6. Etre vigilant et réactif aux dérives consuméristes de certains centres de santé « ophtalmiques » et à l’arrivée d’investisseurs voyant la santé oculaire des patients comme un business prometteur, au détriment de la Santé Publique.
La présentation est disponible en cliquant ici
Méthodologie
Enquête par téléphone
Échantillon de 2 627 ophtalmologistes exerçant en dehors des hôpitaux soit 53 % de l’effectif total en France contactés par téléphone par
l’institut de sondage CSA du 6 au 16 septembre (appels mystères).
Création de deux scénarios avec un délai de prise en charge différent :
- Scénario 1 : Nouveau patient demandant un RDV pour un contrôle périodique de la vue (n = 1 390)
- Scénario 2 : Nouveau patient présentant de nouveaux symptômes (points noirs, filaments) nécessitant une consultation rapprochée, sans être une véritable urgence (n = 1 237)
Enquête en ligne
Pour la troisième année consécutive, l’institut CSA a testé la possibilité de prendre des rendez-vous en ligne pour chacun des 4 321 ophtalmologistes du listing. 2139 (53%) possédaient un site avec prise de RDV, 1978 ont été consultés par le CSA.
Recherche de rendez-vous sans critère d’urgence :
- Sélection rubrique « nouveau patient » ou « consultation d’ophtalmologie ».
La recherche s’est effectuée sur un moteur de recherche en indiquant le nom et l’adresse du médecin. Parmi les sites de rendez-vous en ligne, Doctolib était le plus fréquent.
Les résultats ont été analysés par Mme Joy Raynaud, docteur en géographie.
1 téléphone + internet
*Etude SNOF / CSA 2021 disponible ici
**Etude SNOF / CSA 2019
***Etude DREES octobre 2018 (terrain 2è semestre 2016-1er semestre 2017)
**** Etude Flash du SNOF réalisée entre le 29 septembre et le 4 octobre 2021 auprès de 2200 ophtalmologistes (prochainement disponible)
A propos du SNOF :
Créé en 1906, le SNOF a pour but « d’étudier et de préparer en collaboration avec les pouvoirs publics et les autorités compétentes l’application des mesures générales de protection de la santé publique pouvant se rapporter à l’exercice de l’ophtalmologie ». Avec ses 2 800 adhérents, il regroupe près des 2/3 des ophtalmologistes de France et obtient ainsi le taux de syndicalisation le plus élevé des syndicats français.
Il constitue l’interface entre les ophtalmologistes, avec leurs priorités de médecins, l’intérêt de leurs patients, leur volonté de garantir un accès à des soins de qualité et les pouvoirs publics.
Le SNOF propose des schémas éprouvés de délégation de tâches, de collaboration accrue avec les orthoptistes et les opticiens, pour un exercice médical adapté aux ophtalmologistes d’aujourd’hui et de demain, tout en préservant la santé des patients.