Un ophtalmologiste révolutionnaire : Marat
Marat versus Marat
Pour la rédaction du texte Marat versus Marat, nous remercions Charlotte Goëtz, chargée de recherches à l’Association Pôle Nord de Bruxelles et pour la notice concernant Marat ophtalmologue, le Dr Jacqueline Jalbaud-Herrant et le Pr André Mathis (CHU Toulouse-Rangueil France).
IntroductionLes travaux assidus menés au 19e siècle par François Chèvremont, Alfred Bougeart, Georges Pilotelle…, la publication aux éditions Pôle Nord, en Belgique, des Œuvres Politiques 1789-1793 de Jean-Paul Marat (10 volumes), assortie de huit « Chantiers Marat » complémentaires (de 1989 à 2001) ainsi que la parution en 2003 à Lyon du volume sur Marat avant 1789, ont enfin procuré aux chercheurs un matériel fiable sur L’Ami du peuple. Ainsi disparaît pas à pas la légende noire et caricaturale où ses ennemis politiques l’avaient enfermé et qu’avaient amplifiée, à leur suite, des hommes de lettres, plus épris de romanesque que de vérité historique. Reconnu comme « grand journaliste », admis comme théoricien politique, Marat commence aussi à intéresser par l’originalité de ses écrits philosophiques, médicaux et scientifiques. En dépit d’un corpus toujours à découvrir, il devient possible de redonner des couleurs à cette personnalité hors du commun. |
Sa jeunesse
L'angleterre
Paris
La Révolution française
Marat médecin
Marat ophtalmologiste
Sa jeunesse. En famille
C’est dans la ville de Boudry, dans la principauté de Neuchâtel en Suisse, que naît, le 24 mai 1743, Jean-Paul Marat. Baptisé le 8 juin, il est le deuxième enfant de Jean Mara et de Louise Cabrol.
Son père a d’abord connu une carrière religieuse dans son pays, la Sardaigne, où il est « lettore di arte », un pédagogue renommé de l’Ordre de la Merci. Alors qu’il s’évertue à implanter un collège à Bono, Jean Mara est en butte à des tracasseries fiscales qui compromettent toute l’entreprise, il se résout dès lors à quitter son pays pour Genève. Converti au calvinisme, il rencontre et épouse la jeune huguenote française, Louise Cabrol, dont la famille originaire de Castres « ne dérogeait pas en faisant du commerce ». Neuf enfants naîtront de cette union stable et heureuse : Marianne-Françoise, l’aînée voit le jour à Yverdon en 1742, Jean-Paul, l’aîné des fils, à Boudry en 1743 (1).) Leur père a trouvé un travail comme dessinateur dans l’indiennage et il complète ses revenus par des leçons (histoire, géographie et langues) ainsi que par l’une ou l’autre consultation médicale. Pour les petits Mara, les compétences paternelles sont une aubaine, ce que Jean-Paul se plaît à rappeler : « Par un bonheur peu commun, j’ai eu l’avantage de recevoir une éducation très soignée dans la maison paternelle… »
Genève, Yverdon, Boudry, Peseux, Neuchâtel, puis Genève à nouveau…
Les parents Mara ont vu naître et grandir en Suisse leurs neuf enfants, et mourir l’un d’eux. Avec leur seule énergie, ils se sont employés à s’intégrer dans les communautés suisses et y ont réussi dans une large mesure. Les enfants ont bénéficié d’une excellente éducation et développé des connaissances réelles, acquérant professions et autonomie (médecine, pédagogie, commerce du tissu, horlogerie). Sans richesses, Jean Mara fait preuve de beaucoup d’initiative et d’un sens aigu de l’adaptation. Ce « pauvre » connaît le latin et le grec, il parle le français, l’italien l’espagnol… possède de bonne notions de chimie et de médecine, écrit et dessine…
Il n’est dépourvu ni du sens des réalités, ni d’humour. C’est un lettré, un intellectuel, menant une vie très simple, ce qui lui attirera l’estime et l’amitié d’hommes de bien, parfois influents. Cette famille d’émigrés bénéficie donc d’aides et de soutiens, comme ceux de George Keith, le gouverneur, chargé de mission par le roi de Prusse à Neuchâtel, ou de Frédéric-Samuel Ostervald, directeur de la Société Typographique, qui confiera à Jean Mara des missions de confiance (2).
Dans le vaste monde. L'angleterre.
En 1759, après ses études au collège de Neuchâtel, Jean-Paul Marat, qui a 16 ans, prend son envol. On perd alors sa trace dans les documents ; des « on dit » le situent comme précepteur à Bordeaux, étudiant en médecine ou membre de l’expédition de Chappe d’Auteroche à Tobolsk…, mais rien n’est avéré.
Marat lui-même ne parle que d’un premier contact négatif avec les « prétendus philosophes », alors qu’il a 18 ans. Ailleurs, il précise : « L’envie de me former aux sciences et de me soustraire aux dangers de la dissipation m’avait engagé à passer en Angleterre ». Et dans son journal, Le Publiciste de la République française, il évoquera en 1793 « …une année à Dublin et à Edinburgh ».
Ce qui est sûr à ce jour, c’est qu’il poursuit une formation dont il précise l’importance (3) et séjourne plusieurs années à Londres, où il est présent en 1768 au moment des troubles de l’affaire Wilkes, et toujours en 1772, quand paraît son premier ouvrage métaphysique (sous l’anonyme) An Essay on the Human Soul. En 1773, il en publie une version étendue, quasiment un traité, sous le titre A Philosophical Essay on Man, en deux volumes (toujours sous l’anonyme). Et la famille suit avec fierté son évolution, comme en témoignent les lettres de son père.
Un des objectifs de Marat est de s’en prendre aux thèses des philosophes matérialistes de son temps qui nient l’existence de l’âme et ramènent tout au corps, aux corps. En quoi, il s’affirme clairement comme un disciple de Rousseau lequel écrivait, établissant déjà la passerelle avec « le politique » : « Comme dans la constitution de l’homme, l’action de l’âme sur le corps est l’abîme de la philosophie, de même l’action de la volonté générale sur la force publique est l’abîme de la politique dans la constitution de l’Etat. »(4)
On trouve dans l’ouvrage de Marat une conception originale de la relation entre les passions et la raison. Pour lui, l’homme est le jouet de ses passions, ce qui ne signifie pas qu’il faille l’abandonner à leur puissance. Mais où trouver le remède ? Pas dans l’appel à la « Raison », trop aléatoire, mais dans le fait d’opposer les passions les unes aux autres, de livrer « l’âme à plusieurs, pour la soustraire à la tyrannie d’une seule ». Cette manière de voir fait aussitôt penser à Montesquieu, que Marat avoue pour l’autre de ses maîtres. Dans le domaine de la politique, Montesquieu ne pense pas que la revendication d’un ordre rationnel ni aucun texte de Constitution suffisent à garantir la liberté des citoyens, dont la sauvegarde réside dans la nécessité de séparer et de faire jouer l’un contre l’autre les différents pouvoirs.
De cette époque, signalons aussi l’écriture d’un roman par lettres, les Aventures du jeune comte Potowski (5), publié seulement au 19e siècle.
En mai 1774 paraissent en anglais et toujours sous l’anonyme, les fameuses Chains of Slavery, sur la couverture desquelles on découvre le fameux exergue, repris de Rousseau et qui figurera ensuite sur presque tous les journaux: Vitam impendere vero. Marat y démonte les procédés dont usent les puissants pour assujettir les peuples et, pensant à l’Angleterre, mais aussi à la France de Louis XIV et de Colbert, il montre que ce n’est pas l’oppression violente qui se révèle nécessairement la plus efficace. Pour durer, les Etats modernes ont appris à mettre des « fleurs sur nos chaînes », à « se dépouiller de la peau du lion pour revêtir celle du renard », ils ont substitué à la logique du pouvoir autoritaire et hiérarchisé celle de la ruse, de la sape des liens sociaux, de la mise sous tutelle sécuritaire, de l’élaboration en somme d’une « servitude volontaire », tout aussi destructrice de la liberté politique.
Jean-Paul se démène pour faire connaître son travail et l’inscrire dans la vie politique anglaise. Comptes rendus dans la Critical Review, dans le London Magazine, notice dans la Monthly Review…
En 1774 toujours, il est « reçu » par deux loges maçonniques, la Grande Loge de Londres et la loge « La Bien-Aimée » d’Amsterdam. Ce dernier fait atteste de contacts avec la Hollande, confirmés par une lettre d’Isaac De Pinto, homme de lettres juif d’origine portugaise établi à La Haye. De Pinto, connu pour sa défense des Juifs contre les attaques de Voltaire, vient de publier un Précis d’arguments contre les matérialistes, Jean-Paul l’a rencontré et ils ont sympathisé. Le voyage en Hollande est aussi motivé par une prise de contact avec Marc-Michel Rey, l’éditeur amstellodamois de Rousseau. C’est chez Rey que paraîtra, l’année suivante, la version française du Philosophical Essay on man, en trois volumes cette fois. C’est le premier livre que Marat signe et le titre De l’Homme indique qu’il s’agit bien d’une riposte au De l’Homme d’Helvétius (1773).
Cet ouvrage nous confirme que Marat a acquis une large expérience dans le domaine médical, ce qu’appuie, à l’été 1775, un événement qui réjouit beaucoup son père : l’Université de St Andrews d’Ecosse confère à Jean-Paul Marat, praticien en physique, le grade de docteur en médecine sur base des certificats transmis aux docteurs Hugh James et William Buchan, médecins à Edinburgh et dont la notoriété a atteint la France. Fin 1775 et début 1776, Marat publie deux essais médicaux : l’un concerne la blennoragie, An Essay on Gleets, le deuxième, une maladie des yeux, An Enquiry into the Nature, Cause and Cure of a singular disease of the Eye (6). En mai 1776, il rentre pour quelques semaines dans sa famille, à Genève.
Paris
« Après dix années passées à Londres et à Edinburgh à faire des recherches en tout genre, je revins à Paris. Plusieurs malades d’un rang distingué, abandonné des médecins et à qui je venais de rendre la santé, se joignirent à mes amis et mirent tout en œuvre pour me fixer dans la capitale. » Le 24 juin 1777, il reçoit le brevet de médecin des gardes du corps du comte d’Artois et entre de plain-pied dans la vie parisienne comme médecin et comme physicien. Il soigne avec succès, et par des méthodes innovantes la marquise de l’Aubespine, M. du Clusel, M. Romé de Lisle…
Mais Voltaire a eu vent du traité De l’Homme et, le 5 mai, il en a fait une critique assassine dans le Journal de Politique et de Littérature. On se demande pourquoi ce très vieil homme - il a 83 ans - met une telle énergie à démolir l’ouvrage de ce jeune auteur qui cherche à innover. La critique de Voltaire est brillante, et tellement partiale ! Il s’y fait le champion de Locke, Malebranche, Condillac et Helvétius. Sans bien en prendre la mesure, Marat est allé jouer dans la cour des grands et l’un d’eux, qui n’aime ni Montesquieu ni Rousseau, lui fait sentir ce qu’il en coûte. Cet article de Voltaire contre Marat donnera le signal d’une lutte à couteaux tirés entre Marat et le clan des philosophes matérialistes, lutte dont un des protagonistes sera le dauphin et successeur désigné de Voltaire, Condorcet. On perçoit bien, dès ce moment, que c’est le fait que Marat n’est pas assez « philosophiquement correct » qui le pousse hors de l’univers des intellectuels en place. Il en ira de même en sciences où il trouvera porte de bois à l’Académie, dont le secrétaire est précisément le marquis de Condorcet.
En 1778, Marat ouvre un cabinet de physique dans l’hôtel du marquis de l’Aubespine, rue de Bourgogne et, avec l’aide de l’abbé Filassier, fait connaître ses expériences. Il transmet des copies d’un mémoire manuscrit, Découvertes sur le Feu, l’Electricité et la Lumière à diverses Académies en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne, en Russie et en Suède.
A la fin de l’année, il obtient de pouvoir présenter son travail de laboratoire devant une commission de l’Académie des Sciences de Paris, MM.Le Roy, Montigny et Sage.
1779 lui apporte des satisfactions : Benjamin Franklin assiste à ses expériences, une correspondance s’établit entre eux et l’Académie des Sciences fait un tout premier rapport positif sur son texte : «…fort intéressant par son objet, et comme contenant une suite d’expériences nouvelles, exactes et bien faites par un moyen également ingénieux et propre, comme nous l’avons dit, à ouvrir un vaste champ aux recherches des physiciens, etc. »
En juin, Marat adresse donc à l’Académie son nouveau mémoire : Découvertes sur la Lumière. Cette fois, les commissaires désignés sont Maillebois, Le Roy, Sage et Lalande, bientôt remplacé par Cousin. Le 18 août, la vérification est terminée et Jean-Paul attend avec impatience le rapport. Mais celui-ci n’arrive pas. S’ensuit un interminable ballet de billets entre Marat et Condorcet. Le dénouement a lieu lors de la séance du 10 mai 1780 : le jugement tient en quelques lignes : « …comme ces expériences sont en très grand nombre, ainsi que nous l’avons dit, que nous n’avons pu par là les vérifier toutes, malgré toute l’attention que nous y avons apportée, avec l’exactitude nécessaire, que par ailleurs elles ne nous paraissent pas prouver ce que l’auteur imagine qu’elles établissent, et qu’elles sont en général contraires à ce qu’il y a de plus connu dans l’optique, nous croyons qu’il serait inutile d’entrer dans le détail pour les faire connaître, ne les regardant pas comme de nature, pour les raisons que nous venons d’exposer, à ce que l’Académie puisse y donner sa sanction ou son attache. »
Le livre paraît néanmoins. Dans son travail, Marat, grand admirateur de Newton, reprend le point de vue de ce dernier sur l’application des lois de l’attraction universelle à la théorie de la lumière, mais annonce qu’il la complète. Comment ? Par l’introduction de la notion de déviation des rayons, qu’il assied expérimentalement. Aboutissant à des conclusions contraires à celles de Newton, Marat s’autorise à prôner un dépassement conceptuel. En dépit du désaveu de l’Académie, on constate que le travail de Marat fait du bruit. Le Journal Encyclopédique consacre aux Découvertes sur la lumière un long article en décembre 1780, qui situe correctement la position méthodologique de Marat : « En lisant l’ouvrage de M. Marat, on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’une des principales raisons du peu de progrès que les sciences font parmi nous est la manière dont on les cultive. Au lieu d’étudier la nature, on étudie les livres, ce qui doit nécessairement produire des imitateurs et des compilateurs.[…] Une autre raison [est que] les faits, quoique source unique de toutes nos connaissances deviennent toujours une source féconde d’erreurs quand on ignore l’art de les analyser. » Par la suite, les détracteurs oublieront de signaler à quel point Marat a inscrit sa critique dans son immense respect pour Newton, dont il va d’ailleurs retraduire entièrement l’Optique. (7). Mais son audace en sciences sera attribuée à son « tempérament révolutionnaire », entendez ainsi excessif, trop franc et surtout peu mondain. Une piste plus scientifique aurait consisté à se souvenir qu’en Angleterre, Marat a fréquenté des fabricants de lentilles, des polisseurs et autres artisans de haute précision - on pense bien sûr à l’indéfectible amitié qui le lie au grand horloger Breguet - et que leur travail, par l’obtention de lentilles achromatiques, démentait déjà concrètement la théorie newtonienne. (8).
L’Académie des Sciences de Paris ne donnera plus jamais son aval aux travaux de Marat, ce qui n’empêchera pas celui-ci de poursuivre, longtemps encore, ses recherches et ses publications, parfois sous l’anonyme, et en obtenant par ce biais, prix et félicitations…d’académies de province ! Ses découvertes continueront à susciter des controverses dans le monde scientifique et à bénéficier du soutien de personnalités comme Goethe ou le minéralogiste Jean-Baptiste Romé de Lisle. Plusieurs de ses travaux seront aussi traduits en allemand.
En 1782 est publié (par Brissot) un ouvrage de Marat qui renoue avec ses préoccupations politiques et sociales, le Plan de législation en matière criminelle, qu’il écrit pour le concours doté du Prix de la Justice et de l’Humanité, annoncé dans la Gazette de Berne du 15 février 1777. Dans ce texte les commentateurs relèvent en général la filiation rousseauiste et la proposition de sages réformes judiciaires, dont l’obligation de proportionner la peine à la gravité du délit, quelle que soit la qualité du délinquant, l’importance du jury de 12 personnes pour juger des crimes, le fait qu’un attentat contre le prince doit être vu comme un crime de droit commun, et non comme un crime d’Etat… (9)
Liste de travaux de Marat avant 1789
1780 : Recherches physiques sur le feu - Traduction allemande par C.E. Weigel en 1782
1782 : Recherches physiques sur l’Electricité
1782 : Plan de législation en matière criminelle.
1783 : Traduction en allemand des Recherches physiques sur le feu, par C.E. Weigel
1783 : Traduction en allemand des Découvertes sur la lumière, par C.E. Weigel
1784 : Mémoire sur l’électricité médicale.
1784 : Notions élémentaires d’optique
1784 : Traduction en allemand des Recherches physiques sur l’Electricité
1787 : Optique de Newton. Traduction nouvelle faite par M*** sur la dernière édition originale.
1787 : Mémoires académiques ou Nouvelles découvertes sur la lumière, relatives aux points les plus importants de l’optique.(10)
La Révolution
Marat a dépassé la quarantaine au moment de la Révolution. Il a derrière lui une carrière de médecin et de physicien, il a écrit une quinzaine de livres. Dans son ouvrage majeur de théorie politique, The Chains of Slavery, la thèse principale est que la légitimité du pouvoir émane du peuple, mais qu’à travers les âges et sous tous les régimes, les pouvoirs exécutifs se sont attachés à retourner ce pouvoir contre les citoyens qui le leur ont confié. Quand éclate la Révolution, Marat ne change donc pas de cap. Son travail va consister à suivre en permanence les mouvements de confiscation, de récupération des initiatives populaires, à analyser comment s’y prend l’exécutif pour reprendre la main. Il va suivre étape par étape les événements et les protagonistes, il prévoit le coup à venir, s’attend aux menées sous-jacentes, aux retournements brusques, au jeu de l’usure, sans négliger le facteur du hasard, qu’il dénomme « providence ». D’où ce caractère « inquiet » qui traverse l’œuvre et qui n’est pas le fait d’un homme aigri, aux ambitions déçues ou personnellement angoissé, mais la résultante d’une position théorique.
Quand on connaît la famille Marat, on se rend vite compte que ni Jean, le père, ni David, un des frères, pédagogue lui aussi, ni Jean-Paul ne sont hommes à laisser perdurer des situations où le rapport de forces joue en leur défaveur.
Après avoir écrit quelques textes et articles pour mettre en garde les députés aux Etats Généraux sur le sens des événements depuis la prise de la Bastille : Offrande à la patrie, Discours de Marat au peuple (18 septembre), Le Moniteur patriote (un numéro), La Constitution, ou Projet de déclaration des droits de l’homme et du citoyen, suivi d’un Plan de Constitution juste, sage et libre, Le Publiciste parisien, Marat se décide à fonder un quotidien : L’Ami du Peuple, ce journal de 8 pages in-8° qu’il va assumer pendant quatre ans.
Il s’adresse en direct aux citoyens, réagit par rapport à ce qu’ils font ou ne font pas, répond à ce qu’ils pensent, osent, supputent, chantent, ratent… La relation du peuple à son Ami est extrêmement vivante. Le journal de Marat est rempli de lettres qui lui parviennent de tous les coins de la France, des garnisons, des villes, des villages.
Et les contemporains comme les exégèses ont bien été forcés de reconnaître sa réelle capacité de prévision (12) : Oui, Mirabeau jouait un double jeu et entretenait des rapports secrets avec le roi. Oui, Necker affamait Paris. Oui, La Fayette, un moment hésitant, a fini par trahir la garde nationale. Oui, le roi avait le projet de fuir. Oui, Dumouriez est passé à l’ennemi… Mais, non, Marat n’est pas obsédé par l’idée de tirer à boulets rouges sur toute autorité. C’est là une piètre attaque de ses opposants, quand on examine par exemple, sérieusement la question de la royauté. Marat développe à ce sujet une double affirmation : un bon prince est dans l’histoire de son peuple un « cadeau des cieux » et une denrée aussi rare qu’un libertin vertueux ! Il ne s’en prendra donc résolument à Louis XVI qu’après la trahison avérée de ce dernier (fuite à Varennes et Massacre du Champ de Mars). Et la rupture avec ce roi ne signifie pas qu’il considèrerait que « toute » royauté fût, par essence, pire qu’un autre régime. Marat ne sera ni plus, ni moins, républicain que royaliste. Sa vigilance s’exerce à l’encontre des actes de tout pouvoir exécutif. C’est la raison pour laquelle il prendra tellement à cœur son rôle de député à la Convention qu’il défendra toujours comme organe de représentation, autant contre l’esprit des factions, contre les « Enragés » que contre tout autre organe de dissolution.
La vélocité avec laquelle on impute à Marat tel ou tel épisode violent de la Révolution est, elle aussi, bien suspecte. D’autant que les « versions » sur la Grande Révolution se succèdent sans se ressembler. Il suffit pour s’en convaincre de lire les descriptions contradictoires qu’offrent les manuels scolaires au fil des générations. Concernant Marat, c’est surtout le matériel d’archives, de première main, qui n’a pas été pris en considération (13). Ainsi sur son action précise pendant les événements de septembre 1792, bien peu a été énoncé avec correction. Ce qui est avéré, c’est que devant la puissance et l’ampleur de la colère du peuple qui vient d’apprendre la libération des responsables des tueries du 10 août, la plupart des autorités en place se sont défilées. Fallait-il dès lors fabriquer un bouc émissaire ? Le combat de Marat dans les derniers mois de sa vie sera dirigé contre ceux qu’il nomme les « Hommes d’Etat » - plusieurs sont originaires de la Gironde - qu’il accuse principalement d’être les fers de lance de la guerre funeste qui décime le pays et en qui il voit tout, sauf des « modérés ». (14)
Comme son père, Marat souffre d’une maladie inflammatoire qui procède par crises, mettant plus ou moins longtemps à se résorber. Il est donc contraint de s’absenter de la Convention et de se soigner, prenant des bains qui le calment et lui permettent de continuer à écrire et à corriger son journal.
C’est dans un tel moment que Charlotte Corday, farouche partisane de la guerre, vient l’assassiner, chez lui. Elle sera éconduite une première fois par la femme de Marat, Simonne Evrard et par les amis qui veillent sur lui et concourent à la parution de son journal. Elle usera alors de ruse pour l’approcher, écrivant à Marat un message où elle lui annonce des révélations sur la situation à Caen, tout en lui faisant part d’une détresse personnelle. Et c’est Marat lui-même qui donnera l’ordre de la laisser entrer.
L’art et la légende gardent l’image, immortalisée par le chef-d’œuvre de son collègue et ami Jacques-Louis David : Marat assassiné.
Marat médecin
Son titre de docteur en médecine fut longtemps mis en doute après sa mort bien que de son temps personne n'en ait douté pas même Voltaire : "Si Monsieur le docteur en médecine se contredit dans ses consultations, il ne sera pas appelé même par ses confrères" écrit-il dans sa fameuse réfutation du livre de Marat "De l'homme".
Il commence ses études de médecine à Paris et les termine en Angleterre où il reçoit le titre de docteur de médecine de deux universités dont celle de Saint Andrew.
Il est vrai qu'au cours des années 80-83, le charlatanisme connait un regain de faveur. Des escrocs font des fortunes rapides en promettant des miracles. Parmi eux, le célèbre médecin et guérisseur Allemand : Mesmer. Son "baquet magnétique" fit nombre de dupes. Dans un autre genre, l'aventurier italien dit Comte de Cagliostro, exploitait avec habileté de pseudo-secrets de magie et de sorcellerie. Aux yeux des Français lettrés du siècle des Lumières, il était en effet difficile de faire le tri entre les vraies et les fausses sciences surtout depuis l'arrivée de l'électricité.
Dans son article de l"'Ami du Peuple" n' 401, Marat s'exprime sur la nécessité des études médicales. "On ne puise pas dans les écoles le génie d'Esculape, mais on y acquiert des connaissances qui empêchent d'agir en aveugle et en téméraire, et sous les yeux d'un maître de l'art, les élèves apprennent à faire usage de ces connaissances, lumières dont sont privés les empiriques".
Quel médecin ?
Homme de science Marat s'est penché sur la physiologie. Son livre "Essay on Man" est un mélange de philosophie et de physiologie expériementale tendant à établir les relations de l'âme et du corps. Il compare l'organisme de l'homme à une machine hydraulique composée de deux parties liquide et solide. Son fonctionnement se fait par deux principes : le sentiment et le mouvement. L'étude du système nerveux s'impose de prime abord. Ce qui le préoccupe c'est d'essayer d'établir le siège de l'âme. Il cite ses expériences de ligature nerveuse pour s'assurer du rôle que joue le fluide nerveux dans le phénomène de l'impression, il existe une insensibilité au niveau de la ligature, le fluide n'arrive plus à l'âme. Il avoue ne pas pouvoir expliquer comment un élément peut agir sur une substance spirituelle.
Il situe le siège de l'âme dans les méninges, lieu dans lequel les nerfs se confondent et lieu de propagation des sensations.
Pour cette conclusion il sera très critiqué mais il ne faut pas oublier que les hommes aussi célèbres que WILLIS, VIEUSSENS, DESCARTES ont eux-mêmes essayé de situer le siège de l'âme dans une partie du cerveau.
Il décrit sept sens.
En plus des cinq sens connus il décrit la faim dont le siège est dans l'estomac, la soif dont le siège est dans l'estomac et l'oesophage.
Le tact n'est pas borné à la peau, il est aussi interne. "Il s'étend à l'intérieur du corps, comme à sa surface. On en éprouve les impressions dans les doux embrasements de l'amour et les douleurs aiguës de la colique" ...
La choroide est l'organe de la vue : n'est-elle pas élastique et par conséquent susceptible d'être ébranlée par la lumière, alors que la rétine est insensible et que la lumière la traverse librement sans l'ébranler.
On expliquait les phénomènes de la vie au moyen de notions physiques annonçant la venue prochaine des grands physiologistes les Docteurs Georges Cabanis et Bichat.
"Puisque l'expérience est conforme à ce que je viens d'avancer elle doit servir de fondement à tout ce qui est nécessaire d'alléguer à ce sujet. C'est elle qu'il est important de consulter lorsqu'on doit développer le mécanisme de l'action réciproque de la disposition de nos organes et de la manière d'agir dans les corps qui peuvent la troubler, c'est dans le moment aussi où les yeux de l'esprit doivent être appelés, pour connaitre et distinguer les rapports que les sens trop grossiers ne peuvent apercevoirt".
Ainsi il donne un exemple : lors de paralysie il observe que la perte de la vue se produit du côté du traumatisme et l'hémiplégie du côté opposé.
"Il est constant que les nerfs optiques après leur rapprochement immédiat se distribuent à l'oeil du même côté d'où ils prennent leur origine, non seulement cela est démontré dans les dissection anatomiques mais certains faits observés ne laissent pas de doute à ce sujet".
Marat estime que l'expérience ne doit pas seulement étayer une théorie mais aussi la guider. Il justifie la vivisection dans une lettre à DALY :"Vous dites que vous n'aimez pas à voir d'innocents animaux déchirés par le scalpel, mon coeur est aussi tendu que le votre...".
Il reconnaît sa justification par le progrès des découvertes. Dans la même optique, il propose "que les condamnés à la peine capitale eussent la faculté d'exposer leur corps à quelque opération difficile qui pourrait causer la mort, et dans le cas où l'opération viendrait à réussir, le condamné...obtiendrait son pardon, ou sa peine serait convertie en exil ou en prison".
Marat est un bon observateur, il possède en outre une conscience et une probité professionnelle développée. Il respecte le secret professionnel par l'anonymat de ses observations, ce qui n'est pas habituel à l'époque.
"Si l'on ne peut pas toujours être l'heureux instrument de soulagement de la misère et du malheur, il faut au moins tout faire pour les empêcher de devenir plus graves", dit-il en dénonçant les abus de mauvaises méthodes de traitement. Dénoncer les effets secondaires d'un traitement est une notion nouvelle et entraine le tollé de bon nombre de médecins. ARRACHART lui-même dans son rapport sur Marat ne peut concevoir qu'un médicament peut être à l'origine d'une maladie. C'est tout à l'honneur de Marat pour son époque que de s'enquérir de l'innocuité du traitement qu'il applique.
Marat ophtalmologiste
"AN ENQUIRY into the Nature, cause and cure of a singular disease of the eyes".
La presbytie accidentelle, selon Marat, résulterait de l'irritation produite par l'usage du mercure.
Il cite plusieurs observations :
- La première est celle d'une fillette de 11 ans, à qui l'on avait prescrit des biscuits mercuriels comme vermifuge : la salivation était survenue bientôt après, la tête avait enflé et "la vue fut altérée, de telle sorte que la malade pouvait à peine distinguer un objet quelconque".
Ses parents s'étaient adressés d'abord à un célèbre oculiste qui "refusa d'entreprendre la guérison", plus tard à un moine qui avait une certaine réputation : son avis fut que la malade était atteinte de la "goutte sereine", il la traita pendant 7 mois, prescrivant d'abord des boissons sudorifiques et finalement des fumigations d'ammoniaque qui n'eurent d'autre effet que d'enflammer les yeux.
On consulte Marat qui entreprend de la guérir. Il lui prescrit des émollients et des laxatifs, une diète rafraîchissante : deux drachmes de casse à prendre à jeun chaque matin, pendant 3 semaines, et comme boisson, une infusion de guimauve à laquelle il substitue le petit-lait. Au bout de quelques jours la casse est remplacée par des fumigations de guimauve répétées deux fois dans les 24 heures, et "un cataplasme mou, des quatre farines, à appliquer sur les tempes".
La partie la plus originale du traitement consiste à recourir aux étincelles électriques, qu'il fait précéder d'une saignée pour en augmenter l'action.
- La deuxième observation est celle de D.B., négociant à Londres, qui avait été affecté d'une ophtalmie, à la suite d'un traitement mercuriel. "Le malade ne pouvait voir les objets qu'à une certaine distance et, même alors, partiellement, leur image restant indécise. Le malade était depuis 7 mois dans cette position quand, dépité, il vint réclamer les soins de Marat.
Marat obtient le même succès avec le troisième cas, J.P., esp. mercurialisé comme les précédents et en imminence de perdre la vue. "C'est la plus grande altération de la vue que j'aie jamais connue".Marat avoue que malgré le traitement "l'oeil gauche est toujours resté faible".
- La dernière observation se rapporte à un gentleman américain, que Marat avait soigné "en présence de M. MILLER avec toutes les indications pour la marche du traitement".
Ainsi cette maladie singulière serait pour Marat "la funeste conséquence du mercure mal administré", seule publication connue à ce jour sur cette pathologie. "Il importe, affirme Marat, pour découvrir les causes des défauts de la vue, de réunir la connaissance de l'optique à celle de la physiologie ; mais depuis que le traitement des maladies des yeux est devenu une branche de l'art de guérir, il est parfois abandonné à des chirurgiens qui souvent ne connaissent nullement les fonctions des différentes parties de l'oeil et ignorent jusqu'à la structure de cet organe admirable".
La méthode du traitement qu'il décrit dans ses observations est précisément complétée dans une lettre du marquis Ignazio de Zuchelli, italien, par l'intermédiaire du Docteur TARZIONI, savant médecin de Florence : "Cette maladie ayant été, jusqu'à ce jour, confondue avec la goutte sereine, n'a pas été traitée autrement. Cautérisation, salivation, purgatifs, vomitifs, ont été tentés : remèdes bons seulement à aggraver le mal. Pour peu qu'on connaisse les lois de l'économie animale, on verra que les indications curatives se réduisent à trois : relâcher la partie affectée, la désobstruer, et lui rendre son élasticité nécessaire.
Pour satisfaire à la première indication,le malade doit observer une diète rigoureuse : donc, s'abstenir de chocolat, de café, de vin, de liqueurs spiritueuses, de mets épicés. Il doit encore éviter le froid, les exercices de corps forcés, les passions violentes.
Sa nourriture doit se composer d'herbes cuites et de poulet rôti; sa boisson, se réduire à une infusion théiforme de sommités de millefeuille. Ensuite le malade commencera son traitement par une petite saignée au pied, qui répètera tous les huit jours. Dans l'intervalle, il prendra chaque matin, à déjeuner, quelques drachmes de pulpe de casse, macérée dans l'eau. Lorsque le liquide aura acquis une grande limpidité, le malade mettra sur les tempes, un topique émollient et se fera des fumigations anti-spasmodiques, à l'aide d'un instrument affecté à cet effet. Par ce moyen, il affaiblira l'irritation des muscles de l'oeil, diminuera l'engorgement et la vue commencera à revenir.
Alors on aura recours à l'électrisation, mais il convient de se limiter à tirer, matin et soir, quelques étincelles aux angles de l'oeil. Le malade portera, à la région des temps, un petit emplâtre de gomme tamahaca et ajoutera à chaque tasse d'infusion de millefeuille, deux grains de nitre. Ces remèdes, destinés à débarrasser de l'engorgement la partie affectée, satisferont la seconde indication.
Lorsque la vue est rétablie dans son état normal, elle conserve encore un état de faiblesse auquel on remédie avec de fréquents lavages à l'eau fraîche. On ne doit se permettre aucune modification au régime jusqu'à la fin du traitement ; alors le malade peut faire usage de vin rouge et de viandes légèrement épicées."
La goutte sereine comprenait diverses affections intra- oculaires'sans lésions appréciables en dehors des troubles pupillaires avec amaurose ou amblyopie. La "goutte sereine" "partielle" ou "imparfaite" correspondait à l'amblyopie et la "goutte sereine" "complète" ou "parfaite" à l'amaurose. On englobait aussi dans la goutte sereine diverses affections : les choroidites, les névrites optiques, les glaucomes chroniques par exemple.
La théorie accommodative telle que la décrit Marat grâce aux muscles ciliaires "fibres circulaires environnant le cristallin" est très progressiste puisque étaient alors seulement admise la théorie accommodative des muscles droits et obliques du XVIIe siècle retrouvée chez KEPLER et DESCARTES et du XVIIIe siècle chez BOERHAAVE, GUERIN.
Ce que l'on peut aussi remarquer chez Marat, c'est cette notion d'astigmatisme irrégulier dû à l'engorgement rétrooculaire (ici iatrogène). "Mais de même qu'il arriva que tous les muscles de l'oeil ne sont pas tous également engorgés, il arrive souvent aussi que les glandes qui recouvrent le fond de l'orbite participent à cet engorgement. Le globe plus ou moins comprimé dans une partie que dans l'autre, n'offre plus une circonférence régulière. Les différents points du fond d'oeil n'étant plus tous à égale distance du cristallin, une partie seulement des rayons qui tombent sur la choroide y rencontre son foyer. L'image est tronquée. Voilà pourquoi dans cette maladie, on ne voit qu'imparfaitement les objets, et encore à une distance déterminée".
A remarquer aussi l'application de l'électrothérapie en oculistique jusqu'alors exceptionnelle. Marat qui avait de grandes connaissances en physique, bien informé des phénomènes électriques et des applications de l'électricité en médecine eut le mérite d'user couramment de cette thérapeutique en oculistique comme en médecine générale.
Marat mesure les progrès du traitement : c'est une mesure objective : il s'agit de l'évaluation du punctum proximum : "je fabriquai une échelle graduée sur laquelle je notai le point le plus rapproché où elle pouvait lire l'heure sur une montre". Ainsi le pouvoir d'accommotation chez C.B. passe de 28 pouces lors de la première mesure à 13 pouces en fin de traitement".
Marat avait soumis un mémoire à l'appréciation de l'Académie de Médecine sur "quelques affections de la vue aussi singulières que peu connues, et sur une nouvelle maladie d'yeux dont jusqu'ici aucun auteur n'avait fait mention". C'est par le rapport de cette Académie que l'on connaît le détail de ce mémoire.
Textes politiques de Marat
Journaux
-Moniteur patriote : 1 numéro
-Ami du Peuple : 667 numéros
Les numéros 41, 43, 46 à 50, 58 à 69, 526 à 528 n’ont jamais paru
Cinq numéros ont été utilisés en double : 157, 542, 570, 583 et 681
-Junius français : 13 numéros
-Publiciste et Journal de la République française : 242 numéros
1789
-Lettre à M.de Joly
-Dénonciation faite au tribunal du public par M. Marat, l’Ami du Peuple, contre M.Necker, Premier ministre des Finances
1790
-Appel à la nation par J.P. Marat, l’Ami du Peuple, citoyen du district des Cordeliers et auteur de plusieurs ouvrages patriotiques
-Lettre de Marat, l’Ami du Peuple, contenant quelques réflexions sur l’ordre judiciaire
-Nouvelle dénonciation de M. Marat, l’Ami du Peuple, contre M.Necker, Premier ministre des Finances, ou Supplément à la dénonciation d’un citoyen contre un agent de l’autorité
-Lettre à M. le président de l’Assemblée nationale
-Lettre de Marat à Camille Desmoulins, mai 1790
-Lettre de Marat à Camille Desmoulins, 11 novembre 1790
Réédition
-Plan de législation criminelle, ouvrage dans lequel on traite des délits et des peines, de la force des preuves et des présomptions, et de la manière d’acquérir ces preuves et ces présomptions durant l’instruction de la procédure, de manière à ne blesser ni la justice ni la liberté, sert à concilier la douceur avec la certitude des châtiments, et l’humanité avec la sûreté de la société civile.
-Infernal projet des ennemis de la révolution
Pamphlets
-C’en est fait de nous
-On nous endort, prenons-y garde !
-C’est un beau rêve, gare au réveil !
-L’affreux réveil
-Relation fidèle des malheureuses affaires de Nancy
-Relation authentique de ce qui s’est passé à Nancy
-Le général Mottié vendu par ses mouchards
-Le général Mottié vendu par ses mouchards - Supplément
1791
-Les Charlatans modernes, ou Lettres à Camille sur le charlatanisme académique
1792
-Lettre de L’Ami du Peuple aux fédérés des 83 départements
-L’Ami du Peuple aux Français patriotes
Placards
-Marat, l’Ami du Peuple, aux braves Parisiens (26 août)
-Marat, l’Ami du Peuple, à ses concitoyens (28 août)
-Marat, l’Ami du Peuple, aux amis de la patrie (30 août-2septembre)
-Marat, l’Ami du Peuple, à L.P.J.d’Orléans, prince français (2-5 septembre)
-Marat, l’Ami du Peuple, aux bons Français (8 septembre)
-Marat, l’Ami du Peuple, à ses concitoyens les électeurs (10 septembre)
-Marat, l’Ami du Peuple, aux amis de la patrie (18 septembre)
-Marat, l’Ami du Peuple, à Maître Jérôme Pétion (20 septembre)
Textes sur le jugement du roi
-Opinion de Marat, l’Ami du Peuple sur le jugement de l’ex-monarque
-Opinion de Marat sur le jugement de Louis XVI
1793
-Discours de Marat, l’Ami du Peuple, sur la défense de Louis XVI
-Observations à mes commettants
-Profession de foi de Marat, l’Ami du peuple, député à la Convention : adressée au peuple français en général et à ses commettants en particulier
-Lettre de Marat, député du département de Paris à la Convention nationale lue à la séance du 13 avril 1793, l’an deuxième de la République française ; imprimée et envoyée aux armées par ordre de la Convention nationale
-Lettre de Marat aux Jacobins, 15 avril 1793
-Lettre de Marat à ses commettants, 15 avril 1793
-Lettre de Marat à la Convention, 15 avril 1793
-Lettre de Marat aux Jacobins, 20 juin 1793
Nouvelle édition remaniée
-Les Chaînes de l’Esclavage, ouvrage destiné à développer les noirs attentats des princes contre les peuples, les ressorts secrets, les ruses, les menées, les artifices, les coups d’état qu’ils emploient pour détruire la liberté, et les scènes sanglantes qui accompagnent le despotisme
Quelques repères bibliographiques sur Marat
-Les Aventures du jeune comte Potowski. Un roman de cœur, par Marat, l’ami du peuple, Paris, Louis Chlendowski, 2 volumes, 1848 (réédition 1998)
-Lettre de M.Marat, qui contient le récit de ses transactions dans les différentes sciences… Appelée aussi Lettre justificative à Roume de Saint-Laurent, Miscellanies of the philobiblon society, volume 8, London, Whittingham & Wilkins, 1863-1864
-Eloge de Montesquieu, (éd. Arthur de Brésetz), Libourne, G. Maleville, 1883
-De la presbytie accidentelle par J.P. Marat, docteur en médecine, traduit par Georges Pilotelle, Paris, Champion, 1891
-La correspondance de Marat, par Charles Vellay, Paris, Fasquelle, 1908
-Les pamphlets de Marat, par Charles Vellay, Paris, Fasquelle, 1911
-Marat spécialiste des maladies vénériennes, par Joseph Payenneville, Rouen, 1912
-Newton. Optique de Newton, traduit par Marat, (éd. Michel Blay), Paris, Bourgois, 1988
-Jean-Paul Marat – Œuvres Politiques 1789-1793 (éd. Jacques De Cock – Charlotte Goëtz), 10 volumes - Bruxelles, Pôle Nord, 1989-1995
-Marat. The Chains of Slavery 1774 - Les Chaînes de l’Esclavage 1793, édition française confrontée au texte anglais (éd. Goëtz Charlotte Goëtz et Jacques De Cock), Bruxelles, Pôle Nord, 1993.
-Marat avant 1789 (éd. Jacques De Cock), Essay on the human soul, Philosophical Essay on Man, De l’Homme, Plan de législation en matière criminelle, Plan de législation criminelle, Eloge de Montesquieu, Lyon, Fantasques éditions, 2003
-Marat, l’ami du peuple, par Alfred Bougeart, 2 volumes, Paris, Lacroix Verboeckhoven, 1865
-Jean-Paul Marat, esprit politique, accompagné de sa vie scientifique, politique et privée, par François Chèvremont, Paris, chez l’auteur, 1880
-Marat en famille. La Saga des Mara(t), par Charlotte Goëtz, 2 volumes, Bruxelles, Pôle Nord, 2001
Notes
(1)Les autres enfants Mara sont : Henry (25 juillet 1745) et Marie (5 septembre 1746), nés à Boudry ; Pierre (23 janvier 1753), Pierre-Antoine (23 mars 1754 - décédé le 8 octobre 1756), nés à Peseux ; David (21 février 1756), Charlotte-Albertine (1er juillet 1760) et Jean-Pierre (23 janvier 1767), nés à Neuchâtel.
(2)Pour ce qui concerne la famille Mara(t), voir Charlotte Goëtz, Marat en famille – La Saga des Mara(t), 2 volumes, Bruxelles, Pôle Nord (Collection Chantiers Marat), 2001. Pour ce qui touche Marat à partir de 1770, voir Jacques De Cock, Marat avant 1789, Lyon, Fantasques éditions, 2003.
(3)Dans L’Ami du Peuple n°401 du 16 mars 1791, Marat écrit : « A l’égard des professions où l’ignorance peut avoir des suites terribles, telles que celles de médecin, de chirurgien, d’apothicaire, il importe qu’elle soient interdites à tout homme qui n’aura pas fait preuve rigoureuse de capacité. » Et il complète en note : « On ne puise pas dans les écoles le génie d’Esculape, je le sais, mais on y acquiert des connaissances qui empêchent d’agir en aveugle et en téméraire. Et sous les yeux d’un maître de l’art, les élèves apprennent à faire usage de ces connaissances, lumières dont sont toujours privés les empiriques. »
(4)Manuscrit de Genève du Contrat Social.
(5)Roman publié seulement en 1848, réédité en 1988. Il a donné lieu à une spéculation sur un autre ouvrage faussement attribué à Marat par Gabriel Charavay, Les lettres polonaises. Cette erreur, démontrée par François Chèvremont (voir son article dans la Revue des Sciences et des Lettres, en 1890) a toujours cours, puisque qu’une réédition des Lettres, toujours attribuées à Marat, a été faite en 1993.
(6) An Enquiry a été traduit pour la première fois par Georges Pilotelle, sous le titre De la presbytie accidentelle, d’après le seul exemplaire connu appartenant à la bibliothèque de la Société royale de médecine et de chirurgie de Londres. Il est publié en 1891 à Paris. An Essay on Gleets a été traduit par Joseph Payenneville en 1921 et publié à Rouen, sous le titre Marat, spécialiste des maladies vénériennes.
(7)On doit à Michel Blay la réédition de l’Opticks de Newton, dans la traduction de Marat, traduction sur la qualité de laquelle les historiens américains Gottschalk et Gillepsie avaient, les premiers, attiré l’attention.
(8)Ce que souligne pertinemment Jacques De Cock dans Marat avant 1789. Il ajoute : « Ce fait a déjà été entériné théoriquement bien avant Marat, notamment par Euler et Dollon, mais personne jusque-là n’a été plus loin que la mise en évidence de‘certaines erreurs’ de Newton. […] Quand, réellement, on renoncera à la théorie newtonienne, au début du XIXe siècle, ce sera par le biais d’une théorie totalement absente au XVIII, la théorie ondulatoire. Marat œuvre dans une époque, non d’obscurantisme, mais de tâtonnements. L’alternance des théories corpusculaire et ondulatoire rend évidemment toute l’histoire des théories optiques particulièrement délicate […] Ce qui est certain, c’est que l’idée de Marat, le ‘poids’ de la lumière, son attraction sur les corps, idée complètement étrangère au XIXe est devenue une des idées fondamentales du XXe, dans un contexte conceptuel renouvelé. »
(9)Sur les différentes versions du Plan, voir J. De Cock, op.cit.
(10)Marat concourra encore sur trois sujets concernant la théorie de Newton :
A Lyon : « Déterminer si les expériences sur lesquelles Newton établit la différente réfrangibilité des rayons hétérogènes sont réelles ou illusoires »
A Montpellier : « Concours sur l’explication de l’arc-en-ciel »
A Rouen : Concours sur les vraies causes des couleurs que présentent les lames de verre, les bulles d’eau de savon et les matières diaphanes très minces » (Le mémoire de Marat y sera couronné le 6 août 1783 par l’Académie royale des Sciences, Belles-lettres et Arts de Rouen, sous l’anonyme).
(11)Ce résumé très succint trouve ses sources dans différentes préfaces et postfaces écrites par Jacques De Cock et Charlotte Goëtz.
(12)Camille Desmoulins : « Marat, quoi qu’on en dise, a parfois d’excellentes réflexions et quand je remarque l’accomplissement de tant de choses qu’il a prédites, je suis tenté de prendre de ses almanachs. »
(13) Il faut se rappeler que la collection de François Chèvremont sur Marat n’a trouvé place dans aucune bibliothèque française, mais a été accueillie par la British Library.
(14)Cet axe de réflexion, la situation désastreuse des soldats aux frontières, laissés sans armes, sans équipements, sans chefs, « conduits comme des moutons à l’abattoir » et laissant partout femmes en enfants sans défense, mérite beaucoup d’attention.